jeudi 2 février 2012

Un Tournoi du renouveau ?


         Nous avions anticipé en 2011 un Tournoi ouvert remporté par l’Angleterre. Pour autant, la compétition n’avait pas été des plus passionnantes. Cette année devrait rattraper la déception. Certes, les Tournois suivants les coupes du monde n’ont jamais été très relevés, mais le rendez-vous en Nouvelle-Zélande a lui-même frôlé le ridicule. Alors…


     En France, les joueurs sont soulagés. La catastrophique période Lièvremont est révolue. Un homme qui juge autant les performances que les qualités intrinsèques de ses hommes a enfin pris la tête du Quinze national. Philippe Saint-André est reconnu et respecté. Il semble posséder les capacités d’entraîneur et les qualités humaines qui conviennent à la prise en charge d’une grande équipe.
Seul ombre au tableau, il n’a jamais mené que des clubs de fait étrangers : Sale outre-Manche, tout d’abord, qui a gagné le championnat en 2005-2006, puis Toulon, à une époque où le club était rempli de stars venues d’ailleurs. Saura-t-il bien coller à l’état d’esprit de nos internationaux ? Croisons les doigts.

Saint-André, ou la fin de l'ère Lapasset

     Son arrivée à la tête des Bleus coïncide avec le retour de joueurs extraordinaires trop longtemps ignorés : Picamoles, Malzieu, Beauxis… Ce dernier a enfin trouvé un club à sa taille, explosant toutes les moyennes avec Toulouse. Il est sans doute l’ouvreur que la France attend depuis le passage de l’exceptionnel Christophe Lamaison à la fin des années 90. On espère vite le voir comme numéro 10.

     La France du rugby ne tourne pas seulement la page Lièvremont : elle achève l’ère Lapasset. L’ancien inspecteur des douanes devenu président de la Fédération française de 1991 à 2008 peut se targuer d’avoir été régulier : il a toujours choisi les sélectionneurs sur des critères contestables. Parmi eux, dans la presque totalité des cas, une expérience peu poussée et la priorité donnée aux programmes à courte vue (prendre les joueurs « du moment », choix orientés en premier lieu par des critères physiques etc…). Marc Lièvremont n’était que le dernier d’une longue liste, le plus extrême aussi. Si la sérénité n’est pas encore revenue au sein de la fédération, il est clair que le choix de Philippe Saint-André tranche radicalement avec la politique menée auparavant.

Ni la France ni l’Angleterre ne sont favoris…

     L’attente est très forte en France ; elle ne l’est pas moins au Pays de Galles et en Ecosse.

Dans le premier pays, on voit déferler des jeunes talents tous les ans, et la coupe du monde nous a encore ébahis sur ce point (Warburton, North, Davies). L’excellent entraîneur Warren Gatland semble enfin avoir pris la mesure de la psychologie très particulière des Gallois, ce qui explique sans doute la régularité retrouvée du Quinze du Poireau depuis dix-huit mois. Selon nous, le Pays de Galles pourrait co-dominer le rugby du Nord dans les prochaines années.

Quant à l’Ecosse, on y observe un renouveau qu’on n’espérait plus  (lire http://www.lerugbyinternational.blogspot.com/2011/11/vers-une-resurrection-ecossaise.html). Le pays connait un afflux de joueurs talentueux qui ne sont pas traumatisés par les défaites successives. En coupe d’Europe, Edimbourg a terminé premier de sa poule, une première pour un club écossais. Glasgow a fini deuxième mais n’a pu se qualifier. Ce n’est qu’un début, et – bien qu’il lui faudra du temps – nous avons hâte de voir le nouveau Quinze du chardon à l’œuvre.

     L’Irlande ne nous parait pas être une favorite indiscutable. Si ses provinces explosent tout en coupe d’Europe, le Quinze du Trèfle a sans doute vécu l’apothéose ces trois dernières années. Et, à l’automne, il a manqué l’occasion idéale de se qualifier pour la première fois de son histoire en demi-finale de la coupe du monde. Un signe… L’Irlande restera néanmoins un prétendant sérieux à la victoire finale.

Un pronostic difficile

     Hormis l’équipe de France, la plus grande incertitude concerne l’Angleterre. On la croyait repartie sur des bases saines, mais la démission récente de l’entraîneur Johnson montre une désorganisation évidente. Le Quinze de la Rose est en danger : face à la compétitivité de l’Irlande et de Galles, au renouveau de la France et de l’Ecosse, il pourrait connaître l'un de ses pires classements depuis des années.
Difficultés à prévoir aussi pour l’Italie, dont on suivra avec attention les premiers pas sous la direction de Jacques Brunel.

    -- Pronostic difficile, donc, pour ce Tournoi. Nous parions volontiers sur une absence de Grand Chelem, et, avec moins d’assurance, sur une victoire de l’équipe de France…


PS : Mourad Boudjellal, l’homme qui avait racheté le RC Toulon en 2006, vomit l’arbitrage dans le top 14 suite à une défaite face à Clermont (« sodomie arbitrale »), puis s’en prend au rugby français dans son ensemble, parlant d’un « sport réac », « raciste », dont les supporters seraient de « vieux cons ». Le personnage montre sa nature profonde.
Nous nous étonnons de la passivité des autres dirigeants français, qui se contentent de qualifier ses propos d’ « injustes », et de la clémence de la Ligue nationale, qui le sanctionne pour la forme. Et nous n’avons qu’une chose à dire à ce nouveau riche aux réactions de rebeu caricaturales : Boudjellal, dégages !

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