vendredi 18 février 2011

Une journée étrange...

La deuxième journée du Tournoi nous a offert un spectacle bien ... étrange.

  Une Italie amorphe

    L'Angleterre a écrasé l'Italie, et les commentateurs ont rivalisé de superlatifs pour louer l'excellent Quinze de la Rose. Il nous a semblé que l'Italie est passée à côté de son match, semblait étonnamment amorphe, en particulier dans son excellent pack d'avants. La fragilité défensive extrême de son numéro 10 Orquera, qui, bien que bon joueur de main, ne pèse lourd ni en défense ni dans le jeu au pied, a considérablement augmenté les difficultés italiennes.
L'Angleterre est en bonne voie dans le Tournoi, gageons que l'Italie offrira un autre visage à ses prochains adversaires.

    Autre étrangeté, l'apparente incapacité écossaise, et la lourde défaîte du Quinze du chardon à domicile (6-24). Si un concours de circonstances explique la compétitivité retrouvée des gallois - neuf défaites et un nul sur les dix derniers matchs, changement d'une grosse partie de l'équipe contre l'Ecosse, notamment des postes charnières (15 - 10 - 8) - , l'Ecosse est retombée dans ses travers. On a crû revoir l'équipe de l'horrible période 2000 - 2005, celle qui était incapable de marquer un essai et de s'arracher aux chaînes qui les enserraient dans les rencontres internationales. L'incapacité des écossais à marquer quand les gallois furent réduits à treize est à l'image de la partie.

  Ecosse : rechute ou passage à vide ?

L'Ecosse de samedi dernier n'était pas celle que l'on a vu contre la France à Saint-Denis, ni celle de la victoire de cet automne contre l'Afrique du sud, pas plus que l'équipe victorieuse de sa tournée d'été en Argentine ou celle qui a vaincu l'Irlande à Dublin l'an dernier. Elle ressemblait davantage à l'atone équipe de la raclée contre la Nouvelle-Zélande en novembre dernier.
Telle une personne en sortie de dépression, l'Ecosse semble rechuter parfois. Cependant, si l'équilibre reste fragile (le rugby écossais traverse la plus grave crise de son histoire), le Quinze du chardon nous semble bel et bien sorti du tunnel. La combativité et l'intelligence de jeu exemplaires d'un Sean Lamont, entré en première période pour remplacer le fantômatique Southwell (d'habitude sûr à son poste), la volonté totale de l'ailier Max Evans, qui n'a jamais été aussi bon depuis que son frère - le grand espoir Tom Evans - a frôlé la tétraplégie (voire la mort, selon ses médecins) l'an dernier dans le Tournoi, seront, espérons-le, des phares pour le rugby écossais.

  En attendant France-Angleterre...

   Nos considérations sur l'équipe de France et le match en Irlande seront réservés à un autre message. Notons néanmoins que les sélectionneurs peuvent dire merci à des joueurs de grande classe largement ignorés ces dernières années, tel Aurélien Rougerie. Nous nous félicitons aussi de la combativité des Bleus en phase défensive, quand la furia irlandaise attaquait notre ligne d'en-but. Enfin, nous pouvons dire merci aux avants irlandais, coupables de fautes flagrantes et inutiles qui nous ont donnés la victoire (6 pénalités tout de même, merci à Parra également !).
Nous nous délectons à l'avance du choc contre l'Angleterre dans un peu plus d'une semaine, mais il nous en faudra plus pour gagner contre le Quinze de la rose. Peut-être se resserrer sur les joueurs d'exception. Les qualités sont là, manque une politique de longue durée.

Ps : nous venons d'apprendre le recrutement de Lionel Beauxis à Toulouse. Une très bonne nouvelle. Peut-être les sélectionneurs pencheront-ils davantage la tête sur les faits d'armes de cet ouvreur si intéressant.

jeudi 10 février 2011

Irlande - France : gare à la première journée des faux-semblants !

    Pour la seconde journée du Tournoi, nous suivrons avec attention la performance de l'Ecosse et le déplacement de Quinze de France en Irlande, un moment toujours particulier en dépit de la destruction du vieux stade de Lansdowne Road qui correspondait si bien à l’état d’esprit irlandais.

L'Irlande sera difficile à battre dans ce Tournoi

   L'Irlande n'a gagné que de deux petits points en Italie samedi dernier, mais cette rencontre est un faux-semblant de la compétitivité irlandaise. Face à l’excellente défense italienne, le Quinze du Trèfle a réussi à percer de nombreuses fois, failli marquer des essais et refuser de taper les ballons au pied… Les irlandais nous ont pourtant semblé peu motivés, un peu endormis en ce début de Tournoi, et de nombreux joueurs manquaient à l’appel (ainsi, l'équipe comptait dans ses rangs deux piliers et un arrière quasi novices, tandis que le troisième-ligne centre n’était que le troisième choix suite à des blessures ; dimanche le numéro 8 titulaire sera de retour).

  Néanmoins, alors même que nous entrons dans la phase descendante de l’ère O’Driscoll (avants du Munster, trois-quarts centres…), le groupe irlandais nous semble être encore plus homogène et plus serein que par le passé, plus sûr de lui, car ayant une conscience très fine de ses forces et de ses faiblesses. La facilité, la rapidité et la sérénité avec lesquelles les irlandais sont revenus au score à deux minutes de la fin du match, juste après un essai italien qui mit le feu au stade, est selon nous révélateur de cette profonde confiance intérieure. Pour peu que l’Irlande retrouve un peu de son fighting spirit d’antan (et peut-être aussi quelques joueurs actuellement blessés), elle pourrait bien être l’équipe à battre dans ce Tournoi.

   Des internationaux de classe, une défense qui manque de repères

    L’équipe de France donne l’impression contraire. Alors que nous possédons un formidable vivier de joueurs, et des internationaux qui ont une classe et sont d'une noblesse admirables, les dirigeants français du rugby – ou plutôt ses fameuses « élites » - entretiennent le changement permanent et n’ont aucune vision de longue durée. On peut également s’étonner de l’incapacité des sélectionneurs à remarquer les joueurs d’exception, qui sont souvent à bien des égards des êtres très particuliers sur le plan mental. Samedi dernier, les titulaires ont fait honneur à notre beau maillot bleu, attaquant avec fougue et montrant pour certains des qualités exceptionnelles (Médard, Rougerie, Servat, Dusautoir…).
 Mais l’absence d’homogénéité dans l’équipe – comment bien jouer ensemble quand on n’a jamais joué ensemble ? – le soudain parachutage de certains joueurs en forme mais pas encore tout-à-fait confirmés (Huget, Pierre, et même Mermoz) ont une conséquence immédiate : une défense fébrile. Trois essais encaissés contre une Ecosse qui en d’autres temps aurait craqué, combien contre l’Irlande ou l’Angleterre ? Cela ne dépend pas suffisamment de nous.

Une courte vidéo des joutes terribles disputées dans l'ancien Lansdowne Road (et ce public si fougueux et sympathique qui déborde de joie ... et des tribunes ) :



   L'Angleterre se construit tranquillement, Galles semble perdu

  L’Angleterre confirme son retour après quelques années de brouillard, grâce à des avants toujours solides, leurs nouveaux trois-quarts rapides et sûrs, et un Toby Flood qui commence à prendre une belle ampleur au poste d’ouvreur. Un classique qui a toujours fait les grandes équipes d’Angleterre. Mais gare, la perfide Albion est toujours en construction.

  Le Pays de Galles ne peut en dire autant. Nous reviendrons une prochaine fois sur l’étonnante évolution en dents de scie des Diables Rouges ces dernières années. Une remarque d’ors et déjà : leur extraordinaire entraîneur Warren Gatland, qui avait été l’un des grands artisans de l’élévation de l’Irlande il y a un peu plus de dix ans, qui avait si bien dirigé les équipes des Wasps et de Waikato par la suite, n’arrive pas à avoir affaire avec les Gallois. Ces derniers sont parfois difficiles à saisir, ils fonctionnent sur des longueurs d’ondes très particulières que de toute évidence M. Gatland ne parvient pas à capter.

vendredi 4 février 2011

Aah, le bon vieux Tournoi !...


    Le Tournoi va commencer, c’est à chaque fois un délice en ce début d’année. Tout d’un coup ressortent les images de la tendre enfance, les matchs rudes et fougueux en Irlande, les confrontations à la tombée du jour dans la mystérieuse Ecosse, alors que des champs de cornemuse transpercent la brume, les défis chaque fois renouvelés contre l’Angleterre, l’assurance de jolis matchs contre les gallois… Le public, la chaleur humaine, la découverte d’autres contrées, d’autres identités, la courtoisie obligatoire…
Voici le Tournoi !

   La rencontre de ce soir sera très intéressante. Non par la tranquille détestation réciproque que ressentent anglais et gallois, mais parce que les premiers sont en train de sortir de quelques années de brouillard (avec une ligne de trois-quarts à surveiller de près), et les seconds toujours capables d’être très compétitifs (comme ils l’ont montré contre la Nouvelle-Zélande en novembre dernier).

  Allez, un petit pronostic ? Eh bien, le Tournoi de cette année a beau être très ouvert (ainsi le niveau de l’équipe de France et d’Irlande constituent deux grandes inconnues), je vais néanmoins avancer un petit avis : victoire de l’Angleterre et bonne place de l’admirable Ecosse (il faut remonter à 2006 puis 1999 (victoire) pour voir l’Ecosse remporter trois victoires dans le Tournoi).

Un petit plaisir pour mettre en bouche avant le début du Tournoi, l'hymne gallois depuis les tribunes :

jeudi 3 février 2011

Dernier regard sur les tournées d'automne : une image de l'année 2011 ?

   Alors que va débuter le Tournoi en cette fin de semaine, un dernier coup d’œil dans le rétroviseur pour revoir les tournées d’automne, riches d'enseignements.


      La Nouvelle-Zélande au sommet 

  Premier enseignement, rarement une équipe aura autant dominé le rugby mondial que la Nouvelle-Zélande de ces dernières années. Les Blacks, qui ont battu toutes les nations des îles britanniques en marquant une moyenne de 4,5 essais par match, paraissent encore plus forts que lors de la période 2005 – 2007, celle qui avait vu les hommes en noir écraser les Lions britanniques et ne connaître que 3 défaites en 28 matchs.
 Avant la tournée dans l’hémisphère Nord, la Nouvelle-Zélande a réussi un « grand chelem » dans le tri-nations malgré l’interminable nouvelle formule (6 rencontres), une première. Cette fois, c’est sûr, la Nouvelle-Zélande gagnera la coupe du monde.


      Talent national gâché 

  En France, les sélectionneurs restent dominés par leurs besoins de bougeotte, si bien qu’aucune équipe ne peut voir le jour durablement. Cela fait plus de dix ans que ça dure, plus de dix ans que le quinze national connaît des moments d’espoir suivis de roustes insupportables. La défaite contre l’Australie (16-59) aurait pu être évitée, nous avons un vivier de joueurs extraordinaires qui ne demandent qu’à éclore, mais nous cultivons l’instabilité extrême à l’instar de notre régime politique. Manque flagrant de sérénité, non chez les joueurs, mais dans la tête des « élites » rugbystiques. Ma foi, l’équipe de France rassemble en miniature les problèmes du pays…

 La sélection du Quinze pour le premier match du Tournoi ne nous rassure pas outre mesure. Gageons qu’en 2011, le rugby français connaîtra encore des joies (considérées comme des surprises à l’étranger) et des blocages pénibles.


     L'Angleterre de retour, les îles du Pacifique très compétitives

  Après avoir dominé le rugby mondial dans les premières années du millénaire, la perfide Albion a régressé petit à petit, pour tomber très bas dans les premiers temps de l’ère Martin Johnson. Mais la faiblesse rugbystique des anglais n’a que trop duré, et il faut s’attendre à les voir revenir dans le jeu des grandes puissances de l’Ovalie.
 Emmenés par une nouvelle ligne de trois-quarts pétillante – à l’instar de l’arrière Ben Foden, feu-follet droit comme un I – et des espoirs comme le demi de mêlée de 21 ans Youngs, l’Angleterre a battu l’Australie chez eux cet été, résisté face à la Nouvelle-Zélande cet automne puis superbement dominé les wallabies à Twickenham (35-18). Il va falloir s’attendre à revoir les hommes en blanc en haut de l’affiche dans les prochaines années.

  L’autre information du mois de novembre est la compétitivité retrouvée des îles du Pacifique. Les Samoa, historiquement la meilleure d’entre elles, n’a perdu que de dix points en Irlande, donné du fil à retordre à l’Angleterre, puis a frôlé l’exploit contre une Ecosse légèrement remaniée (défaite 19-16 avec une pénalité litigieuse pour le quinze du Chardon à la dernière seconde). Quant aux Fidji, ils ont de nouveau mis à mal les gallois, avec un match nul rarissime (16-16). Même les Tonga de loin la moins forte des îles, ont connu leur heure de gloire avec une victoire contre les Barbarians français. De bon augure pour la coupe du monde néo-zélandaise, en plein océan Pacifique…