mardi 13 mars 2012

Première faute de goût

      Ceci est un post-scriptum suivant le message d’hier. A peine l’avions-nous posté que nous apprenions la décision de Philippe Saint-André de sortir quatre joueurs valides de l’effectif. En plus de Dupuy, à qui il n’aura été donné qu’une maigre chance de s’imposer dans le Quinze national, et de Nallet, qui laisse sa place à de plus jeunes joueurs, le sélectionneur a littéralement viré Mermoz et Malzieu.

Il s’agit selon nous de la première erreur du nouvel encadrement, mis sous pression après le match nul contre l’Irlande et la courte défaite face à l’Angleterre. Changer le groupe juste avant la fin du Tournoi n’est pas le meilleur moyen de donner de la confiance aux joueurs, d’autant plus si c’est pour se débarrasser de Maxime Mermoz – trois-quarts centre à gros potentiel qui n’aura joué que 50 minutes dans le Tournoi ( !) – ou Julien Malzieu – excellent contre l’Italie et l’Ecosse, solide face à l’Irlande.

   Après le test au Pays de Galles, le groupe se séparera pendant trois mois. Le moment ne semblait pas opportun pour remanier ainsi l’effectif global. Plutôt que de trouver des fusibles, l’encadrement devrait s’atteler à revoir ses entrainements défensifs.

Rendez-vous à Cardiff, donc, samedi prochain (coup d’envoi à 15h45).

lundi 12 mars 2012

France : fébrilité passagère

     Nous analyserons le présent Tournoi quand il sera terminé. En attendant, nous ne changeons pas grand-chose à ce que nous avions écrit suite aux deux premières journées (http://www.lerugbyinternational.blogspot.com/2012/02/tournoi-les-premiers-enseignements.html).

Un mot sur l’équipe de France, qui sort d’un match nul contre l’Irlande et d’une défaite contre l’Angleterre à domicile. Les deux fois, les Bleus ont déjoué en première mi-temps, concédant des essais soudains et non construits, avant de se reprendre et de dominer en seconde période.

Ce que nous croyons distinguer, c’est une volonté de trop bien faire (cf l'énorme déception après le match nul contre l'Irlande), qui se traduit par une forme de précipitation sur le terrain. Une facilité dans la manière de mener certaines actions, aussi, qui n’a pas pardonné contre l’Irlande (sur le premier essai de Bowe) et l’Angleterre (essai de Tuilagi). Est-ce parce que le Quinze national est enfin dirigé par un entraîneur « normal », après douze années de politique délirante (ère Laporte et surtout Lièvremont) ?

Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas inquiets. Certes, quelque chose doit clocher dans les entrainements défensifs. Mais Philippe Saint-André pratique une politique dans la durée et sait reconnaitre les hommes forts, ce qui est de loin le plus important. Il faut savoir être patient.

De grands talents dans l’effectif

     Les hommes forts, parlons-en.
Depuis leur retour en place de titulaire, Harinordoquy est exceptionnel et Poitrenaud presque parfaitDusautoir est plus que jamais le mur de fer de l’équipe de France, et assume naturellement le capitanat. Maestri monte en puissance, Szarzewski sait sonner la révolte quand il le faut, tout comme Debaty, qui devra bientôt prendre la relève des magnifiques première-ligne que sont Mas et Servat.

Derrière, Rougerie est le meneur de la ligne de trois-quarts et les ailiers de qualité ne manquent pas, à l’instar de Malzieu, incroyablement ignoré par Lièvremont. Mermoz ou Fofana sont talentueux. Ce dernier est un drôle de cas : 4 essais en 4 matchs dans des situations similaires (le coup de rein décisif pour franchir l’en-but après un gros travail des équipiers), une capacité d’accélération énorme, et une attitude humble à l’opposé de la starification étrange qu’essayent de monter les journalistes de France 2. A l’envers de la médaille, le joueur se préserve beaucoup : durant ses deux premiers matchs, il a touché moins de ballon que l’un au moins des deux ailiers, ce qui est très anormal pour un trois-quarts centre ; en défense ou sous les chandelles, la différence avec son compère Rougerie est flagrante. Ce n’est finalement qu’en passant à l’aile (suite à une réorganisation des lignes arrière contre l’Angleterre) que Fofana nous a paru plus à l’aise et plus présent dans le jeu. Au regard de ses capacités physiques, n’est-ce pas à ce poste qu’il devrait évoluer ?

N°9 et 10 : une importance charnière

     Le seul espace flottant est la charnière. Malgré les vingt titularisations groupées de Parra et de Trinh-Duc, il manque quelque chose au duo. En dépit de sa grande volonté et d’une confiance montante, Parra (23 ans seulement) est encore un peu frêle, tandis que le jeu au pied de Trinh-Duc ne suit pas sa vista à la main.
Contre l’Angleterre, Dupuy n’a pas assumé pleinement son rôle de demi de mêlée (qui doit donner des indications, influencer le jeu au près etc) ; cela explique en partie la désorganisation et les hésitations des avants derrière les regroupements.
Beauxis, en revanche, a fait du bien. A force de titulariser des ouvreurs à pied de crevette, on avait oublié l’importance d’avoir un n°10 sachant dégager au loin sous la pression, être capable de mettre des drops et rentrer des pénalités de cinquante mètres. L’homme a des capacités rugbystiques exceptionnelles. Il est temps de lui faire confiance en lui accordant plusieurs sélections d’affilée.