samedi 4 décembre 2010

L'étrange irrégularité du Quinze de France depuis dix ans

La déroute soudaine et inattendue du Quinze de France face à l'Australie il y a une semaine a laissé une désagréable impression de "déjà vu". Réaction à froid et statistiques.

Cela fait dix ans que l’équipe de France est ballotée par les petites envies de ses sélectionneurs, dix ans que les talents passent et que l’inconstance règne… Quand va-t-on se décider à construire enfin une équipe ? On ne compte déjà plus les charnières utilisées par Marc Lièvremont depuis deux ans, mais avant lui Bernard Laporte l’avait surpassé en ce domaine. C’est un exemple parmi d’autres de l’impossibilité de poser de solides fondations, et d’éviter des débâcles comme celle de samedi.

Certains remarqueront que l’équipe de France n’en a pas moins gagné trois grands chelems durant la décennie. En 2002, 2004 puis 2010. Plutôt que de s’attarder sur les compétitions en question (les victoires de 2004 et 2010 étaient médiocres et n’ont concrètement débouché sur rien), je vais avancer une idée simple : les belles victoires de la France ces dix dernières années, on les doit à la richesse du vivier français, non à la justesse de vue ou à la qualité relationnelle des sélectionneurs. Voilà pourquoi si souvent de belles victoires sont suivies de matchs-néant.
La particularité très française du « tomber bas – remonter haut » n’explique pas tout. Parlons du grand chelem de 2004 : six mois plus tard, on perd 6-45 face à la Nouvelle-Zélande à Saint-Denis.
En 2006, après un bon Tournoi et une victoire de prestige en Afrique du Sud (26-36), l’équipe de France s’étale à l’automne contre la Nouvelle-Zélande (3-47), en 2009 on subit l’une de nos plus grandes défaites face à une Angleterre quelconque (34-10), en 2010 on gagne le Grand Chelem pour prendre 59 points à domicile face à l’Australie.
A inconstance chronique des sélectionneurs, résultats irréguliers… Voilà peut-être la raison pour laquelle on ne parvient pas à concrétiser nos temps forts depuis plusieurs années.
Il est temps également de s’interroger sur le mode de sélection des futurs entraineurs en chef. Si l’on veut éviter de tels désastres, il est nécessaire de s’intéresser aux choix des sélectionneurs, à ceux qui détiennent les vraies rênes de l’équipe de France. Qui décide ? La Fédération française de rugby, qui cultive un certain goût du secret et de la surprise, comme l’a montré la nomination de Lièvremont à l’été 2007. Sont-ils aptes à continuer de choisir seul ? A voir… Je pense que les choix de nomination des sélectionneurs gagneraient à être ouverts à plus de monde, pourquoi pas la Ligue nationale qui représente le rugby professionnel ? Nous y reviendrons.