Tous les hommes, et tous les
joueurs, ne sont pas identiques. Dans
l’immense variété des personnalités et des individualités, il existe des êtres
d’exception, des joueurs hors-normes.
C’est bien le grand mal du Quinze
de France, depuis 15 ans, que de ne pas avoir accueilli de sélectionneur capable
d’apprécier à leur juste valeur les joueurs exceptionnels, les individualités
rares, les personnalités ayant un je ne sais quoi de talentueux, d’intelligent
et de grand.
La stratégie court-termiste de l’homme-en-forme-du-moment,
le culte du changement permanent,
l’idéologie peut-être aussi, ont réduit nos plus belles exceptions à n’être que
des lumières d’un soir, avant de les faire sombrer (parfois) dans le poison du
doute.
Des êtres d’exception, nous en
avons, pourtant. Voici une courte revue d’effectifs – qui ne prétend pas à
l’exhaustivité.
Ne pas gâcher nos futurs Picamoles
En 1ère ligne, il existe deux
évidences : Guirado et Chat. Guilhem Guirado est capitaine et, pour une fois, les sélectionneurs l’ont
fait accéder au rang de titulaire indiscutable. Camille Chat n’a quasiment jamais été titulaire, malgré son évidente
supériorité physique et mentale sur la plupart des talonneurs.
En 2ème ligne, nous ne voyons
pas d’exception particulière, mais peut-être avons-nous manqué une perle ces
douze derniers mois.
En 3ème ligne, nous avons
quasiment gâché la carrière d’un sportif exceptionnel, d’un numéro 8 comme nous
n’en avions pas eu depuis longtemps : Louis
Picamoles. Comment un type aussi puissant, aussi intelligent dans le jeu,
si souvent décisif en défense comme en attaque, a-t-il pu n’être titularisé que
40 fois ces dix dernières années ?
Une hérésie sportive commis par des sélectionneurs et des dirigeants fédéraux aux vues pour le moins étriquées. Il se dirige désormais vers la fin de carrière, mais il peut encore nous faire bénéficier de son talent.
Une hérésie sportive commis par des sélectionneurs et des dirigeants fédéraux aux vues pour le moins étriquées. Il se dirige désormais vers la fin de carrière, mais il peut encore nous faire bénéficier de son talent.
A l’aile, Gourdon est une véritable révélation depuis deux ans. Où l’on voit
ce que peut apporter la confiance et la stabilité à un joueur. Makalou nous semble également une
pépite à ne pas râter.
Serein, Dupont, les deux bijoux
Et puis, il y a le poste de demi
de mêlée. Là, nous allons viser directement le sélectionneur actuel. Car nous
avons en ce moment deux bijoux absolus, deux joueurs rarissimes et encore
jeunes que le monde nous envie, et qui sont traités comme de bons n°9, sans
plus… Et ça, c’est grave.
D’un côté, Jean-Baptiste Serin dont la fluidité dans la transmission du jeu
équivaut à celle d’un Van der Westhuizen en son temps. En plus, c’est un
meneur, un marqueur d’essai, un ‘petit Napoléon’, comme l’ont surnommé les
supporters quand il s’est révélé en 2016.
De l’autre, nous avons Antoine Dupont, dont la capacité
offensive tient du miracle. Inutile d’en dire plus, tant son talent éclate.
Comment justifier, dans ces conditions,
de titulariser à leur place le vieux Parra
comme le sélectionneur l’a fait récemment ? Ou d’utiliser une nouvelle
tête inconnue lors d’un match B ? Quel est le but ? Faire sentir à
ces deux diamants qu’ils ne doivent être jamais sûrs de rien ? Les casser
mentalement ? Les faire vieillir avant l’âge ?
Nous n’avons tout simplement pas
le droit de passer à côté d’eux. Ni de Serin, ni de Dupont.
Plisson, l’autre Beauxis ?
En n°10 aussi, nos brillants
sélectionneurs successifs ont cassé un talent exceptionnel. C’est d’autant plus
dommageable que la France a rarement pu s’enorgueillir de titulaires
irremplaçables à ce poste. Apparu avec éclat en 2007 lors d’une victoire en
Irlande, Lionel Beauxis a ensuite
été l’ouvreur titulaire lors du fameux quart de finale victorieux de coupe du
monde contre les All Blacks.
A chaque fois que nous sommes allés le voir jouer en club, il crevait les yeux par ses capacités hors-normes. Mais nos dirigeants adorent l’incertitude. Ils l’ont faite peser sur ses épaules. Tellement qu’il a sombré ; notre homme s’est même retrouvé en deuxième division.
A chaque fois que nous sommes allés le voir jouer en club, il crevait les yeux par ses capacités hors-normes. Mais nos dirigeants adorent l’incertitude. Ils l’ont faite peser sur ses épaules. Tellement qu’il a sombré ; notre homme s’est même retrouvé en deuxième division.
Il a fallu qu’un sélectionneur
ayant du flair lui redonne confiance pour qu’il finisse sa carrière en trombe. « Avec le potentiel qu’il a, il devrait être
le meilleur ouvreur français depuis dix ans. Il va vite, il fait des percées,
il a des gestes techniques de grande classe, il a un jeu au pied hors-normes»,
affirmait en 2015 Vincent Etcheto, l’entraineur de Bordeaux-Bègles.
Relancé, Beauxis a ensuite fait passer un club à petit budget – Lyon LOU – au rang de demi-finaliste du Top 14. Un joli pied de nez aux médiocres.
Relancé, Beauxis a ensuite fait passer un club à petit budget – Lyon LOU – au rang de demi-finaliste du Top 14. Un joli pied de nez aux médiocres.
Mais il nous semble que nous
possédons en France un autre Beauxis en la personne de Jules Plisson. Lui aussi a des qualités hors-normes. Lui aussi est
un sensible qui ne doit pas vivre dans l’environnement absurde du changement
permanent.
En privé, dès que les choses tournent vaguement mal, il se remet outrageusement en question comme on lui a appris à le faire. A celui qui saura lui donner de la stabilité et de la confiance, il pourrait apporter de grandes choses.
En privé, dès que les choses tournent vaguement mal, il se remet outrageusement en question comme on lui a appris à le faire. A celui qui saura lui donner de la stabilité et de la confiance, il pourrait apporter de grandes choses.
Le Habana français n’a toujours pas de sélection…
En 2016, dans les trente dernières minutes d’un
France-Irlande mal embarqué, Plisson prend soudainement les choses en main,
fait avancer son équipe avec une volonté de fer, et tape les 2 pénalités de la
victoire. Son empreinte dans la victoire est flagrante et l’ancien joueur
Fabien Galthié la relève à l’antenne.
Deux semaines plus tard, contre une Italie accrocheuse, il tape la pénalité de la victoire : un coup de pied de 50 mètres en coin à quelques minutes de la fin. Rarissime (mais pourtant raté par la caméra de France Télévisions (!) et aujourd’hui introuvable sur youtube).
Deux semaines plus tard, contre une Italie accrocheuse, il tape la pénalité de la victoire : un coup de pied de 50 mètres en coin à quelques minutes de la fin. Rarissime (mais pourtant raté par la caméra de France Télévisions (!) et aujourd’hui introuvable sur youtube).
Et derrière, avons-nous des êtres
d’exceptions ? Il y en a un, qui lui aussi a subi la politique étrange des
sélectionneurs. Il s’agit évidemment de Gabriel
Lacroix. Un ailier pur, un félin de l’attaque possédant une accélération
impressionnante, et capable de crochets à la O’Driscoll.
Nos sélectionneurs ne l’ont-ils pas vu ? A 21 ans, il est prometteur. A 22 ans, il explose. A 23, les sélectionneurs se décident enfin à lui faire enfiler le maillot bleu, mais contre une équipe B de la Nouvelle-Zélande. Il crève encore une fois l’écran. Puis se rompt les tendons quelques semaines plus tard. Le Quinze de France attendra…
Nos sélectionneurs ne l’ont-ils pas vu ? A 21 ans, il est prometteur. A 22 ans, il explose. A 23, les sélectionneurs se décident enfin à lui faire enfiler le maillot bleu, mais contre une équipe B de la Nouvelle-Zélande. Il crève encore une fois l’écran. Puis se rompt les tendons quelques semaines plus tard. Le Quinze de France attendra…
Pendant ce temps, on titularise
dix fois de suite le fidjien Vakatawa au poste d’ailier ; bon en attaque
mais catastrophique en défense. Et pas mousquetaire pour un sou. Dans la ligne
des trois-quarts, tout le monde tourne, sauf lui ! Les voies de la FFF
sont parfois impénétrables… mais nous aimerions bien avoir une explication,
tout de même.
La régularité du Quinze de France à portée de main
Voilà où nous en sommes. A part
Lacroix donc (mais en convalescence), et peut-être Lamerat, personne ne nous
semble « évident » derrière. Mais nous n’avons pas suivi avec assez
de précision les nouveautés des douze derniers mois.
La politique du changement permanent qui fait fi des joueurs
d’exception, c’est celle de l’irrégularité et des dérouillées honteuses à
répétition : 52-11 contre
les Blacks cet été, 62-13 en 2015, 50-23 contre l’Australie en 2014, 30-0
contre les Blacks en 2013, défaite contre les Tonga lors de la Coupe du monde
2011, 16-59 contre l’Australie en 2010, etc…..