Les
tournées de cet automne 2012 sont très instructives.
Premier
enseignement, l’équipe de France semble avoir trouvé une ossature digne des
grandes équipes, à la faveur du retour de grands spécialistes du poste. Louis
Picamoles, joueur dont nous n’avons cessé de louer les qualités extraordinaires
et qui, à 26 ans, a trouvé grâce aux yeux des sélectionneurs, pourrait devenir
le meilleur troisième-ligne centre du monde si on le laisse aligner les
titularisations. Remarquons également le changement
important au centre, où Maxime Mermoz a enfin récupéré son numéro 12.
Michalak,
qui avait été choisi par curiosité lors de la dernière tournée en Argentine,
donne de l’élan et de l’envie à la ligne de trois-quarts, compensant sa
relative faiblesse au pied par une vista certaine dans le jeu à la main
(décidemment, Lionel Beauxis ne pourra toujours pas faire valoir son énorme
potentiel). Son passage en Afrique du Sud lui a donné de la maturité et de la
sérénité, à l’image de sa réussite dans les pénalités. Remarquable aussi est la
réapparition de Nyanga.
Ces
retours de spécialistes se sont doublés de la titularisation de jeunes premiers
découverts en Argentine. Machenaud semble avoir déjà joué souvent avec le
Quinze de France tant il est solide, et Dulin met sa fougue au service de
l’équipe.
Tout
ceci est de bon augure. Pour la première fois depuis une quinzaine d’années, le
sélectionneur montre de la constance dans ses choix et ne semble pas attiré par
l’état d’esprit révolutionnaire ; changements permanents et jugements à
courte vue ne font pas partie de son logiciel de pensée. Il nous semble qu’il sait
reconnaître les joueurs d’exception.
Bérézina
nordiste
La
France est le seul pays du Nord à sortir la tête de l’eau (avec l’Italie, qui -
toutes proportions gardées - a fait bonne figure). Ailleurs, c’est la bérézina.
Si l’Irlande demeure assez compétitive malgré l’arrivé de nouveaux joueurs et
l’absence du capitaine O’Driscoll (courte défaite contre l’Afrique du Sud et
large victoire contre l’Argentine), l’Angleterre ne parvient pas à gagner (y
compris contre une Australie assez faible) et l’Ecosse a vécu l’affront – un de
plus – de perdre à domicile face aux îles Tonga.
Enfin et surtout, le Pays de
Galles a vécu un automne catastrophique : deuxième défaite de son
histoire à domicile face à l’Argentine, premier revers contre les
îles Samoa puis large défaite face à la Nouvelle-Zélande. Depuis qu’ils ont
percé au plus haut niveau il y a neuf ans, les Gallois sont incapables de la
moindre régularité. Où sont passés les demi-finalistes de la Coupe du Monde
2011 et les vainqueurs du dernier Tournoi ? A leur décharge, l’absence de
quelques joueurs habituellement titulaires et surtout celle de leur entraineur,
le grand Warren Gatland, qui a été nommé sélectionneur des Lions britanniques
pour leur prochaine Tournée en 2013 et ne peut courir deux lièvres à la fois.
Dans
toutes ces nations, on a pu remarquer l’incapacité à enchainer des phases de jeu
basiques alors même qu’elles procédaient de choix tactiques : pénal-touches
suivies de lancers déficients, affrontements en mêlées fermées ou choix de
jouer à la main mais perte de balle immédiate etc. Comme si elles tentaient des
choses qu’elles ne maitrisaient pas. C’est souvent le reflet d’équipes qui ne connaissent pas assez bien leurs propres forces et faiblesses.
La Nouvelle-Zélande en pleine harmonie
Dans l'hémisphère Sud, on peut
s’enorgueillir de ces tournées, mis à part l’Australie, qui semble avancer à l’aveugle.
Ainsi, l’Afrique du Sud est restée invaincue et
montre une solidité à toute épreuve. Ses jeunes avants confirment le bien que
l’on pensait d’eux. Les Springboks ont encore quelques problèmes à régler
(trouver un très bon ouvreur, être moins
prévisibles quand ils approchent de l’en-but adverse), mais ils seront l’une des
nations à battre dans les prochaines années.
Les îles polynésiennes n’ont
jamais été autant à la fête ; il leur suffisait d’un déclic (en
l’occurrence, un management sérieux et régulier). Les îles Samoa deviennent un
vrai danger pour les nations majeures, ce que souligne
leur huitième place au classement IRB (nous avions déjà souligné leur compétitivité en juillet 2011, http://www.lerugbyinternational.blogspot.fr/2011/07/l-es-samoa-sont-en-grande-forme.html).
Enfin, l’équipe de Nouvelle-Zélande
atteint un niveau d’harmonie rarement vu dans le rugby international. S’ils
n’avaient piétiné dans le troisième match de la coupe Bledisloe face à
l’Australie il y a deux mois (nul 18-18), ils auraient battu aisément le record
de victoires d'affilée d’un Quinze national. Ils demeurent invaincus depuis vingt
rencontres.
Post-scriptum :
encore deux matchs sont à jouer pour clôturer ces tournées d’automne :
Galles-Australie et Angleterre-Nouvelle-Zélande en fin se semaine. Quelque que
soit l’ampleur du sursaut d’orgueil des deux nations européennes, elle ne
remettra pas en cause la domination actuelle du Sud. A noter que l’argent, bien
plus que la passion, explique cet extra : les fédérations néo-zélandaise
et australienne recevront 1,5 million de livres sterling pour ces rencontres
jouées en surplus des trois semaines habituelles de Tournée…
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