mercredi 28 novembre 2012

Tournées d'automne : espoirs, bérézina et harmonie


      Les tournées de cet automne 2012 sont très instructives.

Premier enseignement, l’équipe de France semble avoir trouvé une ossature digne des grandes équipes, à la faveur du retour de grands spécialistes du poste. Louis Picamoles, joueur dont nous n’avons cessé de louer les qualités extraordinaires et qui, à 26 ans, a trouvé grâce aux yeux des sélectionneurs, pourrait devenir le meilleur troisième-ligne centre du monde si on le laisse aligner les titularisations. Remarquons également le changement important au centre, où Maxime Mermoz a enfin récupéré son numéro 12.
Michalak, qui avait été choisi par curiosité lors de la dernière tournée en Argentine, donne de l’élan et de l’envie à la ligne de trois-quarts, compensant sa relative faiblesse au pied par une vista certaine dans le jeu à la main (décidemment, Lionel Beauxis ne pourra toujours pas faire valoir son énorme potentiel). Son passage en Afrique du Sud lui a donné de la maturité et de la sérénité, à l’image de sa réussite dans les pénalités. Remarquable aussi est la réapparition de Nyanga.

Ces retours de spécialistes se sont doublés de la titularisation de jeunes premiers découverts en Argentine. Machenaud semble avoir déjà joué souvent avec le Quinze de France tant il est solide, et Dulin met sa fougue au service de l’équipe.

Tout ceci est de bon augure. Pour la première fois depuis une quinzaine d’années, le sélectionneur montre de la constance dans ses choix et ne semble pas attiré par l’état d’esprit révolutionnaire ; changements permanents et jugements à courte vue ne font pas partie de son logiciel de pensée. Il nous semble qu’il sait reconnaître les joueurs d’exception.


Bérézina nordiste

 
La France est le seul pays du Nord à sortir la tête de l’eau (avec l’Italie, qui - toutes proportions gardées - a fait bonne figure). Ailleurs, c’est la bérézina.
Si l’Irlande demeure assez compétitive malgré l’arrivé de nouveaux joueurs et l’absence du capitaine O’Driscoll (courte défaite contre l’Afrique du Sud et large victoire contre l’Argentine), l’Angleterre ne parvient pas à gagner (y compris contre une Australie assez faible) et l’Ecosse a vécu l’affront – un de plus – de perdre à domicile face aux îles Tonga.
Enfin et surtout, le Pays de Galles a vécu un automne catastrophique : deuxième défaite de son histoire à domicile face à l’Argentine, premier revers contre les îles Samoa puis large défaite face à la Nouvelle-Zélande. Depuis qu’ils ont percé au plus haut niveau il y a neuf ans, les Gallois sont incapables de la moindre régularité. Où sont passés les demi-finalistes de la Coupe du Monde 2011 et les vainqueurs du dernier Tournoi ? A leur décharge, l’absence de quelques joueurs habituellement titulaires et surtout celle de leur entraineur, le grand Warren Gatland, qui a été nommé sélectionneur des Lions britanniques pour leur prochaine Tournée en 2013 et ne peut courir deux lièvres à la fois.

Dans toutes ces nations, on a pu remarquer l’incapacité à enchainer des phases de jeu basiques alors même qu’elles procédaient de choix tactiques : pénal-touches suivies de lancers déficients, affrontements en mêlées fermées ou choix de jouer à la main mais perte de balle immédiate etc. Comme si elles tentaient des choses qu’elles ne maitrisaient pas. C’est souvent le reflet d’équipes qui ne connaissent pas assez bien leurs propres forces et faiblesses.
 

La Nouvelle-Zélande en pleine harmonie
 

Dans l'hémisphère Sud, on peut s’enorgueillir de ces tournées, mis à part l’Australie, qui semble avancer à l’aveugle.
 
Ainsi, l’Afrique du Sud est restée invaincue et montre une solidité à toute épreuve. Ses jeunes avants confirment le bien que l’on pensait d’eux. Les Springboks ont encore quelques problèmes à régler (trouver un très bon ouvreur, être moins prévisibles quand ils approchent de l’en-but adverse), mais ils seront l’une des nations à battre dans les prochaines années.
Les îles polynésiennes n’ont jamais été autant à la fête ; il leur suffisait d’un déclic (en l’occurrence, un management sérieux et régulier). Les îles Samoa deviennent un vrai danger pour les nations majeures, ce que souligne leur huitième place au classement IRB (nous avions déjà souligné leur compétitivité en juillet 2011, http://www.lerugbyinternational.blogspot.fr/2011/07/l-es-samoa-sont-en-grande-forme.html).
Enfin, l’équipe de Nouvelle-Zélande atteint un niveau d’harmonie rarement vu dans le rugby international. S’ils n’avaient piétiné dans le troisième match de la coupe Bledisloe face à l’Australie il y a deux mois (nul 18-18), ils auraient battu aisément le record de victoires d'affilée d’un Quinze national. Ils demeurent invaincus depuis vingt rencontres.


Post-scriptum : encore deux matchs sont à jouer pour clôturer ces tournées d’automne : Galles-Australie et Angleterre-Nouvelle-Zélande en fin se semaine. Quelque que soit l’ampleur du sursaut d’orgueil des deux nations européennes, elle ne remettra pas en cause la domination actuelle du Sud. A noter que l’argent, bien plus que la passion, explique cet extra : les fédérations néo-zélandaise et australienne recevront 1,5 million de livres sterling pour ces rencontres jouées en surplus des trois semaines habituelles de Tournée…

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