Les
tournées d’été avaient commencé par un coup de tonnerre : la victoire de
l’Ecosse sur le sol australien (le 5 juin), une première en trente ans (et seulement la deuxième victoire de toute son histoire
dans l’hémisphère Sud). Cette issue prestigieuse,
acquise par un temps froid et pluvieux, était néanmoins à relativiser : le
sélectionneur australien avait tenté plusieurs remaniements dans le pack, et il
avait dû faire sans ses arrière (Beale) et ouvreur (Cooper) attitrés, tous deux récupérant de
blessure.
Plus
tard, les Australiens ont montré, contre le Pays de Galles, qu’ils valaient
mieux. Trois rencontres pour autant de victoires, souvent acquises à l’arraché (27-19,
puis 25-23 et 20-19). Les vainqueurs du dernier Tournoi ont quant à eux manqué une belle
occasion de remporter une Tournée dans l'autre hémisphère, ce qu’ils n’ont encore jamais
réussi.
Fin de course pour l’Irlande
Ces
Tournées à l’ancienne ont permis de mesurer la compétitivité du Nord, avec des
matchs serrés. Outre le Pays de Galles, l’Angleterre est parvenue à arracher un nul face à
l’Afrique du Sud et l’Irlande a failli battre une fois la Nouvelle-Zélande.
On
notera néanmoins la difficulté persistante pour les nations européennes de
remporter ce genre de tests-matchs. L’exemple le plus cruel est la rouste
infligée à l’Irlande par les All-Blacks dans la dernière des trois rencontres
qui les opposaient : après avoir frôlé l’exploit (22-19 avec une pénalité
de Carter à la dernière minute), l’Irlande a encaissé un 60 à 0 en clôture de
tournée. Fatigués, conscients que l’occasion ne se reproduirait pas de sitôt,
les Irlandais n’ont jamais réussi à sortir la tête de l’eau face à une
Nouvelle-Zélande revancharde.
A l’image du regard noir et triste d’O’Driscoll après
le coup de sifflet final, qui annonçait qu’il ne jouerait sans doute plus
jamais dans ce pays du bout du monde, l’Irlande voit une page se tourner, celle
de la fabuleuse décennie 2000.
Loin
de là, en Amérique du Sud, l’équipe de France a subi un revers face à une
Argentine jeune et talentueuse (23-20), avant de montrer une belle réaction
d’orgueil lors du second test-match (10-49). Quelques nouveaux joueurs sont à
suivre (Dulin, Machenaud…) et des ‘oubliés’ ont montré que l’on pouvait compter
sur leurs talents (Michalak, Mermoz…).
Quant
à l’Ecosse, elle est restée invaincue lors de sa tournée dans le Pacifique.
Victoire contre l’Australie (6-9), mais aussi contre des îles Fidji (25-37) et
Samoa (16-17) que l’on avait vues très compétitives durant la dernière coupe du
monde. C’est tout sauf un hasard.
Des cotes et des Boks
Peu
enclin à regarder les cotes des bookmakers, laissons pour une fois la
parole à un correspondant régulier et sagace pour une analyse fort intéressante :
« Un petit mot sur les
cotes... pour la prochaine coupe du monde. Je sais, c'est loin et c'est pas non
plus l'alpha et l'oméga de toute chose, mais c'est assez représentatif des
forces actuelles...
NZ = 2,25/1
Galles = 7/1
Australie = 7/1
Angleterre = 7/1
AfSud = 8/1
France = 10/1
Irlande = 26/1
Certes, la coupe du monde 2015 aura lieu en Angleterre, mais deux équipes de l'hémisphère Nord parmi les quatre favoris, c'est rare...
Comme d'habitude, la NZ est sous-cotée. Pas du tout intéressant de parier dessus. L'Australie me paraît aussi sous-cotée. Ils ont quelques petits jeunes performants mais je ne leur vois pas un avenir absolument radieux.
Par contre,
par contre, attention à l'AfSud !! Ils ont été vraiment impressionnants pendant
une mi-temps face à l'Angleterre, avec plein de nouveaux avants très jeunes qui
se lançaient à l'assaut de la ligne anglaise avec fureur. Ce ne sont pas des
monstres physiques, plutôt des gars mobiles et endurants. Ils me font un peu
penser aux avants écossais. Et pourtant, leur nouveau coach – excellent,
un type que tout le monde voulait comme entraîneur des Boks depuis des années –
a dit qu'ils n'étaient même pas à 5% du niveau où il voulait qu'ils arrivent.
Franchement, s'il arrive à construire cette équipe comme il veut, ils vont
faire très mal... (…)
En tout cas, le prochain quadri-nations va être intéressant, avec seulement des matchs aller-retour plus l'entrée de l'Argentine. (…)
Pour l'hémisphère nord, les Gallois paraissent vraiment au-dessus du lot ; tellement jeunes et déjà tellement doués. Attention aussi aux Anglais qui se construisent... Par contre, nous, heu... Franchement... ».